| Le potentiel de garde d'un vin : Je suis au regret de vous dire que non, votre Anjou Gamay ne se gardera pas 20 ans ! Comme moi, il vous est probablement déjà arrivé de vous retrouver à table devant de trop vieux flacons et de laisser politesse et savoir vivre l'emporter face à la question fatidique de votre hôte :"alors, comment tu le trouves ?" Que les choses soient dites, n'en déplaise à certains : aucun Morgon, aussi bon soit-il, ne se gardera 20 ans ! D'abord, parce que cela n'a aucun intérêt. Ces vins souples, vifs et fruités s'apprécient sur leur jeunesse ou leur adolescence tout au plus. Ensuite, parce-que leur ossature (les constituants sapides), principalement inhérente au cépage utilisé, ne le permet pas : acidité élevée, peu de tannins. Or avec l'alcool, ces constituants font partie des éléments indispensables pour espérer un vin de garde. En dehors de certains crus d'exception, intéressons nous simplement aux appellations qui garantissent une certaine homogénéité de structure : parmi les vins français, le plus long potentiel de garde théorique, celui du vin jaune (Jura), n'est que de 40 ans !! Dans de bonnes conditions de conservation (température, hygrométrie) la plupart des grands Bordeaux ont un potentiel de 20 ans. Au delà, nous sommes dans le domaine de l'exception. Dans un autre contexte, feriez-vous confiance à votre concessionnaire automobile s'il vous disait que son modèle aura une durée de vie bien supérieur à ceux de la concurrence ?
La valeur marchande de vins anciens : Déjà, sur des vins récents encore largement présents en circuits de distribution, la question de la valeur n'est pas simple. Au cours de ma carrière de caviste, nombreux furent les témoignages de bonnes affaires recueillis auprès des clients "coureurs de Foire aux vins" . Oui, il est encore possible de trouver de superbes opportunités dans un petit supermarché du fin fond de la Bretagne ! Et malheureusement, certaines fois, ces écarts de prix peuvent atteindre des niveaux spectaculaires. Donc, inutile de vous dire que, même pour un professionnel, la tâche est encore plus ardue lorsque l'on s'attaque à de vieux millésimes qui ont quasiment disparu du marché et ne se vendent que dans des réseaux spécialisés tels que les ventes aux enchères. En tant que particulier à qui vous fier ? Au commissaire priseur qui ne vous donnera qu'un prix de mise en vente souvent en dessous du prix d'adjudication ? Au caviste indépendant qui aimerait vous acheter ces bouteilles pour les revendre ?
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